Ferrare, la ville italienne où le temps semble suspendu
Il y a en Italie des villes qui se dévoilent avec éclat, attirant les foules et multipliant les clichés. Et puis, il y a celles que l’on découvre presque par hasard, au détour d’un itinéraire en Émilie-Romagne, et qui nous marquent par leur atmosphère singulière. Ferrare fait partie de celles-là.
À peine franchies les murailles qui encerclent encore le centre historique, le visiteur plonge dans un monde où se croisent les échos du Moyen Âge, la splendeur de la Renaissance et l’élégance tranquille d’une cité à taille humaine. On circule en vélo comme les habitants, on lève les yeux vers les façades sculptées, et l’on se laisse séduire par une Italie qui vit à son propre rythme.
Arriver à Ferrare, porte d’entrée sur la plaine du Pô
Située entre Bologne et Venise, Ferrare se rejoint facilement en train ou en voiture. Depuis Bologne, il suffit d’une petite demi-heure pour voir apparaître ses tours médiévales. Venir à Ferrare, c’est déjà accepter de ralentir : pas de métropole effervescente ni de tourisme de masse, mais une cité patiemment façonnée par l’histoire et par le fleuve voisin, le Pô, qui irrigue toute la région.
Une ville faite pour le vélo
Dès les premiers pas, on comprend pourquoi Ferrare est surnommée la capitale italienne du vélo. Ici, les habitants roulent sans hâte, les rues sont plates, et tout invite à enfourcher une bicyclette pour parcourir les ruelles pavées ou longer les anciens remparts. C’est d’ailleurs le meilleur moyen de découvrir la ville, d’un monument à l’autre, au rythme des clochers et des terrasses animées.
Plonger dans la Ferrare médiévale


Ferrare s’est d’abord affirmée comme une cité fortifiée. Ses remparts, encore parfaitement conservés, témoignent de cette époque où elle défendait son autonomie face aux grandes puissances voisines. Mais c’est surtout le Castello Estense qui symbolise cette grandeur médiévale : un château de briques rouges, cerné de douves, comme sorti d’un roman historique. À l’intérieur, tout rappelle la puissance des Este, cette famille qui fit de Ferrare un centre politique et militaire majeur : salles décorées, fresques éclatantes, prisons sombres… On monte dans les tours pour admirer la ville à 360 degrés et, soudain, l’histoire prend chair sous nos yeux.
À deux pas, la cathédrale San Giorgio dévoile une façade romane d’une incroyable richesse. Les lions sculptés qui gardent son entrée et les scènes bibliques gravées dans la pierre racontent une autre époque, où l’art se voulait avant tout une prière.
Ferrare, cité de la Renaissance et des Este

Mais Ferrare ne s’est pas contentée d’être une forteresse médiévale : elle a brillé de mille feux à la Renaissance, rivalisant même avec Florence en matière artistique. C’est grâce aux Este, grands mécènes et amateurs d’art, que la ville s’est couverte de palais et de fresques.
Parmi eux, le plus célèbre est le Palazzo dei Diamanti. Ses blocs de marbre taillés en pointe créent des jeux d’ombre et de lumière au fil de la journée, comme si la pierre respirait. À l’intérieur, la Galerie nationale expose les chefs-d’œuvre de l’école de Ferrare, donnant à voir une peinture délicate et raffinée.
Un autre joyau, plus secret, est le Palazzo Schifanoia. Ce palais au nom curieux – littéralement “qui fait passer l’ennui” – fut conçu pour les divertissements de la cour. Ses fresques monumentales représentant les mois de l’année constituent l’un des sommets de la peinture de la Renaissance italienne.
Enfin, le Palazzo Comunale, toujours en fonction comme siège de la mairie, rappelle que Ferrare fut bien plus qu’un simple carrefour commercial : une capitale où se décidaient des alliances, des mariages et des intrigues de cour.
Les traces du judaïsme à Ferrare
Ferrare possède aussi une histoire plus intime, marquée par la présence juive dès le Moyen Âge. Dans le quartier de l’ancien ghetto, les ruelles étroites rappellent la vie quotidienne de cette communauté, longtemps protégée par les Este. Le Musée national de l’Italie juive et de la Shoah retrace cette mémoire complexe, mêlant traditions religieuses, vie culturelle et épreuves de l’histoire contemporaine.
Les saveurs de Ferrare : une gastronomie généreuse
Visiter Ferrare, c’est aussi s’attarder à table. La ville est fière de ses recettes séculaires, et chaque trattoria met en avant les spécialités locales. Les cappellacci di zucca, ces pâtes farcies à la courge, incarnent la douceur de l’automne. Le salama da sugo, plus corsé, révèle une identité forte et rustique, qui rappelle la richesse des terroirs de la plaine du Pô. On accompagne ces plats d’un pain typique, la coppia ferrarese, aux formes torsadées reconnaissables entre mille. En dessert, la torta tenerina, gâteau fondant au chocolat, achève de convaincre même les voyageurs les plus pressés de s’attarder encore un peu.
Que voir autour de Ferrare ?

Ferrare n’est pas seulement une ville d’art : elle est aussi une porte ouverte vers la nature.
À l’est, le delta du Pô déploie ses lagunes et ses canaux dans une atmosphère hors du temps. C’est un lieu idéal pour une excursion à vélo ou en bateau, entre hérons, flamants roses et pêcheurs. Plus proche du centre, la Via Darsena invite à une promenade le long du canal, reliant la ville au fleuve.
Les passionnés de cyclotourisme trouveront dans les environs de Ferrare un terrain de jeu idéal. Plusieurs circuits permettent de rejoindre les villages voisins ou même la mer Adriatique. Ici, le vélo est bien plus qu’un moyen de transport : c’est une véritable culture, une manière d’habiter le territoire.
Combien de temps rester à Ferrare ?
Si une journée suffit pour flâner dans le centre et visiter le Castello Estense, il serait dommage de se limiter. Comptez deux à trois jours pour profiter pleinement de la ville : entrer dans les palais, découvrir les musées, savourer la gastronomie locale et vous offrir une échappée au delta du Pô. Ferrare n’est pas une étape que l’on coche, c’est une ville que l’on savoure lentement.
Ferrare est une destination à part, une ville italienne qui séduit par son mélange d’élégance et de simplicité. Entre ses monuments médiévaux, ses palais de la Renaissance, son héritage juif et sa cuisine généreuse, elle offre un voyage complet, où l’histoire et l’art dialoguent en permanence avec le quotidien des habitants.
Si vous rêvez de prolonger l’expérience, l’Émilie-Romagne regorge d’autres trésors : Bologne la savoureuse, Ravenne et ses mosaïques, Parme et ses palais. Ferrare, elle, restera comme une halte hors du temps, où l’on revient volontiers pour goûter encore une fois aux cappellacci di zucca en terrasse, un verre de vin local à la main.
FAQ sur Ferrare
Comment aller à Ferrare depuis la France ?
Le plus simple est d’atterrir à Bologne, puis de rejoindre Ferrare en train (30 minutes).
La ville est-elle adaptée aux enfants ?
Oui, avec ses pistes cyclables, ses parcs et son atmosphère tranquille, c’est une destination familiale idéale.
Que manger absolument à Ferrare ?
Les cappellacci di zucca, la salama da sugo, le pain coppia ferrarese et la torta tenerina.
Peut-on visiter Ferrare en une journée ?
C’est possible, mais un séjour de deux ou trois jours permet d’en apprécier pleinement la richesse.

